Rendez-vous avec Pol Pot, une fiction au service de la mémoire
Le 16 mai, le Festival accueillera dans la Sélection officielle Cannes Première, le nouveau film du cinéaste franco-cambodgien Rithy Panh, Rendez-vous avec Pol Pot. Dans ce film, il nous replonge au cœur de la période la plus sombre de l’histoire cambodgienne. Le pays est alors sous le joug de Pol Pot, le leader communiste du Cambodge et de ses Khmers rouges.
1978 : trois ans après que le Cambodge est devenu le Kampuchéa démocratique. Dans ce contexte déchiré par la dictature, trois Français acceptent une invitation du régime, espérant obtenir un entretien exclusif avec Pol Pot. Parmi eux, une journaliste habituée du pays, (Irène Jacob), un reporter photographe (Cyril Gueï) et un intellectuel sympathisant de l’idéologie révolutionnaire (Grégoire Colin). Leurs certitudes vont être bousculées par le traitement qui leur sera infligé, et par les découvertes qu’ils feront sous la propagande.
Ce film marque un retour à la fiction pour Rithy Panh, connu notamment pour ses incontournables documentaires tels que S21, la machine de mort Khmère rouge, présenté Hors Compétition au Festival de Cannes, en 2002. Sa dernière fiction remonte à 2008, avec l’adaptation du chef d’œuvre littéraire de Marguerite Duras, Un barrage contre le Pacifique, avec Isabelle Huppert.
« Il s’agit pour le peuple cambodgien de se réapproprier son identité et ses racines. »
– Rithy Panh
Le scénario de ce nouveau film, co-écrit avec Pierre Erwan Guillaume, est librement inspiré du livre When the War Was Over : Cambodia and the Khmer Rouge Revolution, (Les Larmes du Cambodge) de la journaliste américaine Elizabeth Becker, correspondante locale pour le Washington Post pendant la guerre du Vietnam. Le 22 décembre, Malcolm Caldwell, Richard Dudman et elle, sont parvenus à interviewer Pol Pot. Ce sera la première interview qu’il accordera à des journalistes américains non communistes.
Pour le documentaire L’Image Manquante, Rithy Panh reçoit le prix Un Certain Regard lors du 66e Festival de Cannes. Œuvre après œuvre, il continue de s’engager dans un devoir de mémoire pour les victimes de son pays d’origine.