Spectateurs ! ou la lettre d’amour d’Arnaud Desplechin à la salle de cinéma
Au fil des années, le Festival de Cannes s’est intimement lié à la filmographie d’Arnaud Desplechin. L’un de ses personnages fétiches, Paul Dédalus, y faisait sa première apparition sur grand écran en Compétition en 1996 dans Comment je me suis disputé… et revient vingt-huit ans plus tard en Séance Spéciale dans Spectateurs !, une ode aux salles obscures.
“Qu’est-ce que c’est, aller au cinéma ? Pourquoi y allons-nous depuis plus de 100 ans ? Je voulais célébrer les salles de cinéma, leurs magies. Nous avons mêlé souvenirs, fiction, enquêtes… Un torrent d’images qui nous emporte.” C’est en ces termes qu’Arnaud Desplechin décrit son geste pour Spectateurs !.
Le temps de ce film hommage, le réalisateur ressort le déguisement de Paul Dédalus prêté à Mathieu Amalric dans Comment je me suis disputé… et Quentin Dolmaire pour Trois souvenirs de ma jeunesse (2015). Dans Spectateurs !, Desplechin le met en scène le personnage à quatre périodes de sa vie interprétées successivement par Louis Birman (à 6 ans), Milo Machado-Graner (à 14 ans), Sam Chemoul (à 22 ans) et Salif Cissé (à 30 ans) et lui fait traverser une épopée de cinéma.
“Paul Dédalus, c’est quelqu’un qui adore admirer ceux qui l’entourent. J’ai donc utilisé le même patronyme, qui évoquait aussi le dédale de la narration.”
Le film a été conçu comme un tendre roman initiatique de spectateur, citant des œuvres diverses, de Fantomas à Shoah. Il nous plonge dans une expérience sensorielle et restitue cette atmosphère si unique, le bruit du billet déchiré, le velours du fauteuil, pour en traduire cette expérience individuelle et collective.
“La salle de cinéma est l’endroit le plus démocratique qui soit.”
Au-delà de la salle, Desplechin enrichit Spectateurs ! d’autres fenêtres sur le septième art, comme le ciné club ou la télévision, ces endroits qui prolongent, nourrissent et parfois font naître nos appétits de cinéma.