Johnny Got His Gun, l’horreur de la guerre vue par Dalton Trumbo

JOHNNY S'EN VA-T'EN GUERRE © DR - GAUMONT

Loin de tous les lieux communs pacifistes, le premier long métrage du romancier américain Dalton Trumbo, projeté à Cannes Classics en version restaurée, reçut un accueil unanime en 1971 sur la Croisette, où il décrocha le Grand Prix de la critique internationale et le Prix Spécial du Jury.

Dernier jour de la Première Guerre mondiale : John Bonham, un engagé volontaire, est gravement blessé par un obus. Privé de tous ses organes sensoriels, il ne lui reste plus que son cerveau, grâce auquel il pense et il rêve. Bien qu’il parvienne à signifier à l’infirmière qui le soigne son souhait d’en finir avec l’existence, les médecins militaires repoussent ses requêtes et le maintiennent dans cet état végétatif contre son gré.

Quel autre film de l’histoire du cinéma a pointé de façon aussi frontale et bouleversante l’horreur de la guerre – et le désespoir d’un être victime de la tyrannie médicale – que Johnny Got His Gun ? Victime du maccarthysme, Dalton Trumbo avait été contraint de travailler durant treize ans sous pseudonyme avant de signer avec ce long métrage très sombre, adapté de son propre roman, sa première réalisation.

Dans un entretien donné en mai 1971 au journal L’Humanité, le cinéaste a expliqué avoir voulu « atteindre la répulsion du cœur et de l’esprit » après avoir vu « tellement de films contre la guerre ne provoquant qu’une répulsion physique ».  La première version du film fut écrite en collaboration avec Luis Buñuel en 1964, mais le financement de l’adaptation échoua et le projet fut abandonné avant d’être repris par Dalton Trumbo seul deux ans plus tard.

Johnny Got His Gun est une œuvre singulière, d’une noirceur totale, où le noir et le blanc s’entremêlent à la couleur, comme si les rêves et les fantasmes de Joe déchiraient la sinistre réalité.

Une présentation Gaumont. Nouvelle copie numérique 4K, réalisée par GP Archives. Distribué en salles en France par Malavida le 2 octobre 2024.

En présence de Nicolas Seydoux, président de Gaumont.