L’Armée des ombres, l’hommage à la Résistance de Jean-Pierre Melville

L'ARMEE DES OMBRES © STUDIOCANAL

Voici trois bonnes raisons de revoir L’Armée des ombres, le chef-d’œuvre de Jean-Pierre Melville adapté du roman de Joseph Kessel, qui est projeté à Cannes Classics dans une étincelante copie restaurée.

Parce que Jean-Pierre Melville est un cinéaste résistant

1942. Après avoir rejoint la France libre à Londres, où il adopte définitivement son pseudonyme en hommage à l’auteur de Moby Dick, Hermann Melville, Jean-Pierre Melville revient résister en France, à Castres, puis il participe au débarquement en Provence. Il fait notamment partie de ceux qui donnent l’assaut lors de la bataille du mont Cassin, en 1944. Après cet épisode, le réalisateur n’a alors qu’une seule idée en tête : raconter la Résistance au cinéma, où il veut percer coûte que coûte. Dans l’intervalle, un certain Joseph Kessel, lui aussi résistant, publie en 1943 L’Armée des ombres, une plongée dans la lutte clandestine quotidienne menée contre l’occupant nazi. Melville va jeter son dévolu sur le roman du journaliste avec l’idée de l’adapter. Le film ne sera tourné que vingt-six ans plus tard, le temps pour Melville de mûrir son projet et de réunir les fonds nécessaires.

 

Parce que L’Armée des ombres est un long métrage sur la guerre… en couleur

Pour trancher avec les récits romanesques sur la guerre, Jean-Pierre Melville décide de tourner en couleur. Il fait appel au directeur de la photographie Pierre Lhomme, qui racontera ensuite que le tournage a été pour lui « une mise à l’épreuve quotidienne » en raison de l’exigence du cinéaste. Le technicien concèdera toutefois que c’est grâce à elle que le dégradé de gris si singulier dont jouit le film a été obtenu.

 

Parce que la performance de Lino Ventura est magistrale !

À l’époque, Jean-Pierre Melville ne peut imaginer personne d’autre que Lino Ventura, avec lequel il vient de tourner Le Deuxième souffle, dans le rôle de Gerbier, son personnage principal. Ventura interprète un résistant emprisonné dans un camp d’internement, qui parvient à s’évader lors d’un transfert au siège de la Gestapo. Visage figé, mâchoire serrée, Lino Ventura est bouleversant et l’on perçoit sans cesse les dilemmes intérieurs qui le rongent. Peut-être une conséquence de l’atmosphère, très tendue entre le comédien et le réalisateur autoritaire, qui ne s’adressaient pas la parole directement sur le plateau.

Une présentation Studiocanal avec le soutien du CNC. Restauration 4K produite à partir du négatif Original 35mm et du négatif son et opérée par l’Image Retrouvée.  Sortie France en salles le 5 juin par Carlotta Films.

En présence de Juliette Hochart, directrice du catalogue et de Thierry Lacaze, directeur de la distribution salles, vidéo et VOD, Studiocanal.