1971 : Bresson lie des amants dostoïevskiens sur le Pont Neuf

Une nuit, sur le Pont-Neuf, Jacques intervient pour empêcher une jeune inconnue de se suicider. Elle s’appelle Marthe, il lui donne rendez-vous le lendemain au même endroit. Ils vont se revoir les quatre nuits suivantes et se confier l’un à l’autre. Jacques va tomber amoureux, mais pour Marthe, qu’en est-il ?

Mélancolique, sensuel, hypnotique, Quatre nuits d’un rêveur est le deuxième film en couleur de Bresson, deux ans après Une femme douce, également inspiré d’une nouvelle de Dostoïevski. Le chroniqueur cinéma Claude Mauriac saluait justement cette démarche : “Plastiquement, ce nocturne est la plus belle œuvre de Robert Bresson – si nous oublions ses chefs-d’œuvre en noir et blanc. C’est un film en couleurs, aux couleurs de la nuit.”

Les couleurs de la nuit, capturées par le génial Pierre Lhomme, ses sons aussi. Robert Bresson fait vibrer l’atmosphère pour souligner les tourments de ses personnages, les rêveries amoureuses de Jacques, les désillusions romantiques de Marthe. Deux âmes esseulées dans une grande ville.

Encore aujourd’hui méconnu, Quatre nuits d’un rêveur trouve sa place au Festival de Cannes, où Bresson avait triomphé de son vivant avec Un condamné à mort s’est échappé (Prix du meilleur metteur en scène en 1957), Procès de Jeanne d’Arc (Prix du Jury en 1962) ou encore L’Argent (Grand prix du cinéma de création en 1983).