L’Immersif à Cannes : vers de nouvelles histoires à raconter

Au-delà du cadre bidimensionnel

La transition vers des expériences immersives représente une avancée majeure dans l’art de raconter des histoires. L’œuvre avant-gardiste d’Alejandro González Iñárritu, Carne y Arena (Virtually Present, Physically Invisible), présentée en 2017, a été pionnière en la matière. Cette installation de réalité virtuelle, invitait les spectateurs à partager l’expérience poignante de migrants mexicains et centraméricains, tentant de franchir la frontière américaine. Iñárritu a exploité la technologie VR pour explorer la condition humaine, offrant une immersion totale où le public pouvait « cheminer dans les pas du migrant, sous sa peau et dans son cœur », (Alejandro González Iñárritu).

« La Compétition Immersive s’inscrit dans la continuité des valeurs originelles du Festival de Cannes, explorer de nouvelles formes de récit avec les nouveaux outils disponibles. »

– Elie Levasseur, directeur de projet de la Compétition Immersive

Une expérience active

Dans ces nouvelles formes d’expression artistique, le spectateur passe pour la première fois d’observateur à participant actif. Cette année, le Festival a fait le pari de l’innovation, avec une compétition dédiée aux œuvres immersives, affirmant ainsi son rôle de précurseur dans l’industrie.

Les œuvres immersives qui ont été présentées à Cannes utilisent des technologies de pointe comme la réalité virtuelle (VR) et la réalité augmentée (AR) pour créer des expériences qui transcendent les limites du cinéma traditionnel. Par exemple, Noire (Colored), une installation immersive en réalité augmentée de Stéphane Foenkinos et Pierre-Alain Giraud d’après un essai de Tania de Montaigne, plongeait le spectateur dans le sud des Etats-Unis, en pleine ségrégation. De même, Evolver nous invitait à un voyage à travers l’écosystème du corps humain, guidés par la respiration et la voix de Cate Blanchett.

Ces œuvres ont offert une immersion totale au spectateur, en le faisant réagir à l’environnement narratif. Cette participation implique une nouvelle forme de récit où les frontières entre l’artiste et le public s’estompent, permettant une connexion plus profonde et plus personnelle avec l’œuvre. Iñárritu parle d’ailleurs de s’émanciper de la “dictature du cadre”.

L’exposition des œuvres immersives s’est déroulée dans un espace de 1300 m² au Cineum, le multiplexe cinématographique de Cannes La Bocca, ainsi qu’au Campus Georges Méliès, spécialisé dans les métiers de l’image et les écritures créatives. Cet espace dédié a permis aux festivaliers et aux accrédités du Marché du Film d’explorer ces créations tout au long du Festival.

Les œuvres sélectionnées étaient accessibles à tous les accrédités, rendant ces expériences disponibles à un large public et favorisant une démocratisation de cette nouvelle forme d’art.

Une nouvelle ère pour le cinéma

En faisant une place aux œuvres immersives, le Festival de Cannes a offert une plateforme aux créateurs qui repoussent les limites de la narration immersive. Il a affirmé son engagement à être à la pointe de l’innovation cinématographique. Cette nouvelle dimension narrative promet de transformer la manière dont les histoires sont racontées et vécues, offrant des possibilités infinies pour les artistes et une expérience profondément enrichissante pour les spectateurs.

Alors que le Festival de Cannes 2024 touche à sa fin, le palmarès de la Compétition Immersive promet de redéfinir notre rapport au cinéma car cette évolution est une transformation fondamentale qui façonnera l’avenir du cinéma pour les générations à venir.

Pour clore cette première édition, jeudi 23 mai, le Jury a remis le Prix de la Meilleure Oeuvre Immersive à Noire (Colored), créée par Tania de Montaigne, Stéphane Foenkinos et Pierre-Alain Giraud.

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