COMPÉTITION – Heli, regard incisif sur la société mexicaine

Amat Escalante et Linda González Hernández © AFP

Symbole d’une génération de cinéastes mexicains pleine d’audace, Amat Escalante brosse avec Heli, son troisième film, un état des lieux sans concession de la société mexicaine.

 

Photo du Film © DR

 

Décrire le quotidien empreint de violence des Mexicains, dénoncer les différences sociales et économiques d’une classe ouvrière qu’il estime en manque de repères, et pointer son déséquilibre culturel. Après seulement deux longs-métrages, Amat Escalante s’est imposé comme un observateur implacable de ses concitoyens, dont il s’attache à dépeindre le désenchantement et la peur sur fond de trafic de drogue, de prostitution et de corruption. Le constat était déjà particulièrement acerbe dans Sangre (Un Certain Regard, 2005), son premier film, dans lequel Escalante s’immisçait, au travers d’un style volontairement lent ou statique, fait de plans-séquences, dans l’intimité monotone d’un couple.

 

La cellule familiale, la violence meurtrière et l’influence du voisin américain sont quelques-unes des préoccupations majeures de ce réalisateur de 34 ans, qui consolidait en 2008 son attrait pour ces questions avec Los Bastardos, également présenté à Un Certain Regard. Plus cru que son précédent long-métrage, le film, qui narre le quotidien de deux travailleurs clandestins aux États-Unis, s’inspirait de l’histoire de son père et arborait un côté profondément politique. Ces mêmes axes de réflexion nourrissent l’intrigue d’Heli, que le cinéaste définit comme une synthèse de ses deux premiers films. Heli suit les épreuves d’une famille de Guanajuato impliquée malgré elle dans une histoire de détournement de drogue.

 

 

Plus jeune réalisateur en lice pour la Palme d’or, Amat Escalante a su trouver sa place au sein de la nouvelle vague de cinéastes mexicains dont les fers de lance sont Alejandro Gonzalez Iñarritu, Michel Franco ou encore Carlos Reygadas. Il partage avec ce dernier un penchant pour les questions sociales et les acteurs débutants. On retrouve d’ailleurs Reydagas au générique d’Heli. Le réalisateur, producteur de l’ensemble des films d’Escalante, a co-écrit ce long-métrage qui replonge de façon frontale au cœur de la société mexicaine.

 

Benoit Pavan

 

SÉANCES

Jeudi 16 mai / Grand Théâtre Lumière / 11h00 – 22h00.

 

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