COMPÉTITION – Bennett Miller, l’art de conter le sport

Après le portrait de l’ancien manager de baseball Billy Beane, le réalisateur américain examine avec Foxcatcher, présenté en Compétition, les liens tragiques qui unirent John E. du Pont, un millionnaire paranoïaque jugé coupable de meurtre, et deux champions de lutte. Il confirme ainsi son attrait pour les histoires vraies et les personnages hors du commun du monde sportif.

Photo du film © DR

Il est un vieil adage du 7e Art qui prétend que cinéma et sport font rarement bon ménage. Sorti sur les écrans en 2011, Moneyball, le second long métrage de Bennett Miller, venait tordre le cou à ce lieu commun en déjouant les codes dans lequel le genre s’enferme parfois. Épaulé par des images d’archives, ce portrait stylisé se distinguait en nouant son intrigue autour des rapports entre ses personnages. Le film brillait également par ses répliques saillantes et la performance magnétique de Brad Pitt, impeccable dans le costume du manager de baseball Billy Beane.

Le cinéma de Bennett Miller aime se baser sur des faits réels et se concentrer sur des tranches de vie soigneusement sélectionnées des personnalités qu’il décrit, minimisant ainsi le traitement purement chronologique et romancé du biopic. C’est à nouveau sous cet angle que le cinéaste américain a abordé Foxcatcher, son troisième long métrage. Le film axe son propos sur la relation entre deux frères champions de lutte et John E. du Pont, richissime et excentrique sponsor de l’équipe de lutte libre américaine baptisée « Foxcatcher ».

Le cinéaste replonge donc dans l’univers du sport mais s’appuie cette fois sur un fait-divers survenu en 1996 : l’assassinat de l’un des deux frères, le champion olympique de lutte Dave Schultz (Mark Ruffalo), par le cyclothymique milliardaire, interprété à l’écran par Steve Carell. Le scénario du film est basé sur l’autobiographie de Mark Schultz (incarné par Channing Tatum), le frère du champion décédé, qui fut également champion olympique de sa discipline en 1984 et que Bennett Miller est allé rencontrer.

« La difficulté avec le biopic, c’est qu’il faut concilier deux types de vérités. Celle de l’histoire, des faits, pour laquelle il faut être exact, et une vérité universelle pour laquelle vous avez choisi de raconter cette histoire, décrivait-il lors de la sortie de Moneyball. Là réside l’astuce : en se concentrant sur une anecdote, on atteint une vérité universelle« .

Benoit Pavan

SÉANCES

Lundi 19 mai / Grand Théâtre Lumière / 8h30 – 15h – 19h
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