Megalopolis, le film d’une vie
Le projet le plus ambitieux de sa carrière, « réécrit jusqu’à 300 fois en 40 ans». C’est dire si Megalopolis, opus visionnaire et fable humaniste, a de l’importance aux yeux de Francis Ford Coppola, qui n’en est pourtant pas à son coup d’essai. On se souvient de l’obtention de sa Palme d’or en 1974 avec Conversation Secrète, l’un des films qui lui tient le plus à cœur. Suivit le mythe, Apocalypse Now « A work in progress », dont la copie fut retravaillée jusqu’à la dernière minute avant l’obtention d’une seconde Palme d’or en 1979.
Megalopolis, « une épopée romaine dans une Amérique moderne imaginaire en pleine décadence », est l’œuvre d’une vie et le premier film que le metteur en scène présente en Compétition depuis 45 ans. Adam Driver tenant sur le fil au sommet du gratte-ciel Art deco le plus emblématique de New York : l’on reconnait distinctement le Chrysler Building et pourtant, Francis Coppola ne déroule pas son histoire à Manhattan, mais dans l’univers dystopique de « New Rome », contrainte à un changement décisif pour le sort de l’humanité.
L’avenir de la métropole en perdition se joue entre deux hommes, un architecte idéaliste d’un côté (Adam Driver), un maire corrompu adepte des forêts de béton de l’autre (Giancarlo Esposito). Entre les deux, Julia (Nathalie Emmanuel, star de Fast and Furious), compagne de l’un et fille de l’autre, et plusieurs personnages douteux, comme ceux joués par Shia LaBeouf et John Voight.
« En tant qu’espèce, nous avons tous le même ancêtre : nous sommes une famille. Faisons en sorte que ce lien-là soit réel et que notre monde ressemble à celui que l’on souhaite voir comme notre paradis »
Commencé en 2001 puis stoppé net suite aux attentats du 11 septembre, le tournage a repris vingt ans plus tard en studios à Atlanta et dans la ville de New York. Une métaphore de l’Amérique, une proposition de cinéma utopiste mais également un pari fou et immersif que le cinéaste a financé sur ses propres deniers à hauteur de 120 millions de dollars.