Les Linceuls, le deuil selon Cronenberg

LES LINCEULS

Le cinéma étrange et monstrueux de David Cronenberg fascine depuis 1969, date de son premier long métrage, Stereo. Après le succès planétaire de La Mouche, le canadien, Prix spécial du Jury en 1996 pour Crash, n’a cessé d’explorer les mécanismes physiques, scientifiques et psychologiques de l’être humain. The Shrouds (Les Linceuls), est une nouvelle plongée métaphysique au cœur du processus de deuil et des questionnements qui torturent ceux qui restent.

Karsh, 50 ans, est un homme d’affaires renommé. Inconsolable depuis le décès de son épouse, il invente un système révolutionnaire et controversé, GraveTech, qui permet aux vivants de se connecter à leurs chers disparus dans leurs linceuls. Une nuit, plusieurs tombes, dont celle de sa femme, sont vandalisées. Karsh se met à la recherche des coupables. 

 

« C’est un projet très personnel pour moi. Les gens qui me connaissent sauront quelles parties sont autobiographiques. »

– David Cronenberg

David Cronenberg s’est mis à l’écriture de ce film en hommage à sa propre épouse, disparue il y a sept ans. C’est donc un film très personnel, dans lequel le réalisateur imagine un lien qui puisse perdurer après la mort, au sein même de l’enveloppe mortuaire du défunt. Ces linceuls digitaux permettent en effet de voir les corps se décomposer dans leurs tombes. Dans ce film, Vincent Cassel incarne de manière troublante le double du réalisateur, et signe leur troisième collaboration, après Les Promesses de l’ombre et A Dangerous Method. Diane Kruger entre, quant à elle, pour la première fois dans l’univers de Cronenberg. Elle endosse trois rôles, ceux de deux sœurs, et d’un avatar.

Dans Les Crimes du futur, le dernier film du cinéaste, présenté en Compétition en 2022, il était déjà question des mutations biologiques du corps, avec l’invention d’un procédé révolutionnaire, repoussant les limites du possible. Avec Les Linceuls, David Cronenberg va encore plus loin et se sert du cinéma pour contredire la mort elle-même.