Armand, le regard de Halfdan Ullmann Tøndel

ARMAND © Eye Eye Pictures 2024

Premier film projeté à Un Certain Regard pour le Norvégien Halfdan Ullmann Tøndel, qui a choisi, pour interpréter son personnage principal, sa compatriote Renate Reinsve, lauréate du Prix d’interprétation féminine en 2021 pour Julie (en 12 chapitres).

Quelle est la genèse de ce film ?

Pour moi, tout commence souvent par un personnage, puis j’essaie de trouver où le placer. Ce film a commencé avec le personnage d’Elisabeth, interprété par Renate Reinsve. J’ai entendu l’histoire, un jour, d’une personne qui était partie en camping avec sa classe. Ils avaient six ans et lors d’un conflit entre deux garçons, l’un des deux est devenu très agressif et a prononcé des mots qu’un petit garçon ne devrait pas connaître en temps normal. Je me suis alors demandé où et comment cet enfant de six ans avait pu apprendre ce genre de langage. J’étais très intrigué de voir à quel point je pouvais fantasmer sur les parents sans rien savoir d’eux, ou du garçon. J’ai également travaillé dans une école primaire pendant de nombreuses années et j’ai pu constater à quel point nous mettons les enfants en miroir avec leurs parents. Et comment chaque comportement (des enfants ou des parents) qui sortait un peu de la norme était presque mal vu et faisait l’objet d’une attention toute particulière. Finalement, il m’est apparu évident que cela permettait de parler de notre société, de la manière dont nous gérons les conflits, mais, plus important encore : ce film pouvait contenir les personnages que j’avais à l’esprit.

 

Comment s’est déroulé le tournage ?

Il a été très intense, nous avons fait beaucoup de répétitions à l’avance car nous devions être prêts pour toutes les scènes où les dialogues sont nombreux. Nous avons tourné le film dans l’ordre chronologique, ce qui était très cool à faire et très bon pour l’ambiance générale. Une fois les répétitions terminées et le tournage commencé, nous nous sommes laissés aller à la folie. J’ai adoré cela. Mais c’était parfois trop intense, et nous sommes tous devenus un peu fous à l’intérieur de la même école jour après jour. Je saignais du nez tous les matins avant le tournage, ce qui était assez étrange parce que c’est aussi un élément du film.

 

Qu’aimeriez-vous que les gens retiennent de votre film ?

Que la danse et la parole vont de pair. Il faut aussi être gentil avec les autres et veiller à ne pas les juger. J’espère aussi que l’atmosphère du film infusera chez les gens.

 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir réalisateur ? Quelles sont vos influences ?

Le processus a été lent. Je ne voulais pas du tout travailler dans le domaine du cinéma quand j’avais une vingtaine d’années. Mais j’ai fait un peu de cinéma dans le cadre d’un de mes cours à l’université (je ne savais pas que cela faisait partie des études), et j’ai trouvé ça tellement amusant que je me suis inscrit dans une école. Je n’ai plus jamais regardé en arrière. J’ai des goûts très éclectiques et j’en tiens compte dans mon travail. Pour ce film, mes plus grandes influences ont été Thomas Vinterberg, Luis Buñuel, Isabella Eklöf et Brian De Palma.