Flow, le regard de Gints Zilbalodis

FLOW © Dreamwell Sacrebleu take 5

Projeté au Certain Regard, Flow, le deuxième long métrage d’animation de Gints Zilbalodis, a pour héros un chat forcé de partager un petit bateau avec d’autres animaux à la suite d’une terrible inondation. Une histoire qui fait écho au choix du jeune cinéaste letton, habitué au travail en solitaire, de s’entourer pour la première fois d’une équipe technique.

 

Quel est le point de départ de ce film ?

Avant Flow, j’ai réalisé un long métrage d’animation intitulé Away pour lequel j’ai tout effectué moi-même. Le film évoque un personnage seul sur une île qui cherche à se reconnecter aux autres. L’histoire et le processus de réalisation du film comportaient donc de grandes similitudes. C’est un peu la même chose avec Flow : le film narre la trajectoire d’un personnage indépendant et autosuffisant qui doit apprendre à travailler en équipe, ce qui a été mon cas sur ce film. Une fois de plus, j’explore mon expérience de la réalisation au travers de ce long métrage.

 

Quelle a été votre méthode de travail ?

Contrairement à la plupart des films d’animation, nous n’avons pas utilisé de story-board. Au lieu de cela, j’ai créé un environnement en 3D et j’y ai placé les personnages pour explorer les possibilités de mise en scène. C’était nécessaire car dans Flow, il y a beaucoup de séquences très longues et compliquées, impossibles à dessiner dans un storyboard, dans lesquels la caméra se déplace dans l’espace. Ce processus d’animation un peu brut m’a permis d’explorer de nombreuses idées. Il m’a aidé à me rendre compte si la narration fonctionnait ou non. C’était aussi la première fois que je travaillais avec une équipe. J’ai donc dû acquérir de nouvelles compétences. Avant, lorsque j’avais une idée, je devais trouver comment la réaliser moi-même. Cette fois, il m’a fallu présenter chaque trouvaille. C’était parfois compliqué, mais aussi très gratifiant lorsqu’elles évoluaient grâce à la collaboration de chacun. La plupart de mes collaborateurs étaient jeunes, passionnés et désireux de faire leurs preuves.

 

Qu’avez-vous appris au cours de la réalisation de ce film ?

Que tout prend plus de temps qu’on ne le pense au départ ! J’ai beaucoup appris sur la gestion des collaborateurs et sur la délégation du travail. Comme le chat dans le film, c’est quelque chose qui ne me vient pas naturellement. Flow est mon deuxième long métrage, mais c’est peut-être le premier que j’ai réellement dirigé car auparavant, je travaillais complètement seul. C’était donc un vrai défi pour moi, surtout au début. J’ai dû apprendre les bases très rapidement, mais peut-être que le fait d’être novice au travail en équipe a finalement nourri le film.

 

Qu’aimeriez-vous que les gens retiennent de Flow ?

J’ai tendance à oublier l’intrigue des films, mais je me souviens toujours des sentiments, des émotions ressenties. J’espère donc que de ce point de vue, Flow créera une expérience suffisamment forte pour que les gens s’en souviennent.

 

Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?

Les cinq dernières années passées à travailler sur ce film ont été très intenses pour moi et nous venons juste de le terminer, alors j’ai hâte de me reposer un peu ! Mais j’ai déjà une idée pour mon prochain film : il s’agira d’un film d’animation dans lequel je souhaite explorer les thèmes et les techniques de Flow de manière plus approfondie. J’aimerais utiliser la caméra de manière encore plus active pour raconter l’histoire. Qu’elle devienne presque un personnage indépendant doté d’un esprit propre.