Grand Tour, ou l’escapade romantique d’un cinéaste libre

GRAND TOUR

Grand Tour, sixième long métrage du portugais Miguel Gomes – et premier présenté en Compétition -, est le fruit d’un processus créatif ancré dans le temps présent qui est devenu la marque de fabrique de ce cinéaste libre.

Aux prémices de Grand Tour, il y a l’espoir, pour Miguel Gomes, d’ouvrir un chemin narratif au travers d’un voyage de cinq semaines en Asie du Sud-Est, début 2020, caméra 16 mm en bandoulière. En quête d’un found footage qui pourra illustrer le parcours des personnages d’un film encore à l’état de brouillon.

Mais la pandémie a tout emporté et tout cadenassé, contraignant le projet à se stopper durant deux ans et le cinéaste à affiner ses contours à distance, avec l’aide d’une équipe technique pilotée depuis le Portugal pour boucler les prises de vue envisagées lors de ce périple avorté.

Ainsi s’est donc en partie dessiné le sixième long métrage du réalisateur portugais, qui n’a eu de cesse de cheminer depuis ses débuts en se tenant à l’écart des sentiers balisés et des processus créatifs solidement préétablis, préférant tisser son art et le réinventer dans le temps présent, en s’adaptant aux imprévus.

Le film narre en noir et blanc l’histoire d’Edward (Gonçalo Waddington), un fonctionnaire britannique en poste à Rangoon, dans la Birmanie de 1917, qui décide de s’enfuir le jour de son mariage avec Molly (Crista Alfaiate) pour effectuer un « grand tour » de l’Asie. Déterminée à se marier, Molly part à la recherche d’Edward et suit ses traces à travers le continent.

C’est finalement en studios, à l’écart de la lumière qui inonde les forêts de bambous, les jungles thaïlandaises ou les temples enneigés du Japon recréés sans trucage numérique pour les besoins du film, que Miguel Gomes a trouvé l’alchimie de Grand Tour.

Une étape qui rappelle que c’est déjà en cinéaste libre et ancré dans le moment présent que Miguel Gomes avait bouclé Les Milles et Une Nuits, fresque hors normes de plus de six heures présentée à Cannes en 2015.

En dressant une passerelle entre le temps du récit, recréé en studios, et celui des images tournées lors de son périple, le réalisateur portugais explique avoir souhaité établir un temps cinématographique singulier. Il signe en tout état de cause une escapade romantique fidèle à son style non conventionnel.