Le Scope, né dans les années 1950 à partir d’une invention de l’astronome français Henri Chrétien, est un dispositif d’anamorphose de l’image qui a permis aux réalisateurs de capturer et de présenter des images panoramiques sur grand écran. Contrairement aux formats traditionnels, il ouvre un horizon visuel d’une ampleur inédite aux réalisateurs. En France, le premier film de démonstration officielle de ce procédé est Nouveaux Horizons de Marcel Ichac (tourné en CinemaScope). À Cannes, il est présenté en 1954, en avant-programme du long métrage La Tunique de Henry Koster. L’écran large offre une immersion saisissante, il rapproche le lointain et plonge le spectateur au cœur de paysages grandioses et de scènes d’une profondeur inouïe : « L’impression de profondeur disparaît dès lors que la caméra est statique. » (Jean-Jacques Meusy, La Recherche n°359)
Les cinéastes de la Nouvelle Vague, à l’image de François Truffaut, ont également embrassé cette innovation pour servir leur révolution esthétique… Son premier long métrage, Les Quatre cents coups (Prix de la mise en scène en 1959), est tourné par Henri Decaë en DyaliScope noir et blanc. L’utilisation de l’écran large permet d’amplifier l’exiguïté de l’appartement des parents du protagoniste Antoine Doinel : « Le scope donne davantage l’impression d’exiguïté pour les décors réels. Ainsi, dans Les Quatre cents coups les décors minuscules où nous avons tourné gardent leurs proportions alors que le format normal les aurait déformés. » (Henri Decaë – source : « Les Directeurs de la photo et leur image » de Christian Gilles)